conférence "tirer les leçons de Copenhague"
Conférence « tirer les
leçons de Copenhague » organisée par le magazine « valeurs
vertes » au Sénat le mardi 9 février 2010
Intervention de Jean-Pierre Escande,
professeur indépendant. « retour sur la conférence de Stockholm »
Outre sa foi en l’homme, ce
professeur a rappelé que toute l’histoire montre que les humains doivent
modifier la nature ; Il nous faut créer des environnements économiquement
profitables et écologiquement sains.
Un des problèmes rencontrés
est qu’on ne peut pas trouver de schémas communs entre les pays du Sud et ceux
du Nord…les pays riches polluent à cause de leur richesse et les pays pauvres
polluent à cause de leur pauvreté !
Un grand pas a été franchi
lors du rapport rédigé par René Dubos et Barbara Ward « only one
earth » (nous n’avons qu’une terre) en 1972 dans le cadre de la conférence
des nations unies sur l’environnement.
C’est à partir de ce moment
que l’on commence à tenir compte des problèmes culturels locaux.
Les préceptes « think
globally, act locally » ainsi que les 5 E « écologie, économie,
énergie, éthique et esthétique » font le succès de la conférence de
Stockholm.
Intervention de Bertrand Pancher,
député de la Meuse, rapporteur du projet de loi Grenelle 2 « les coulisses
de Copenhague »
Monsieur Plancher a d’abord
pensé que Copenhague était un échec, puis en relisant la feuille de route de
Bali (sept 2008), il a constaté que finalement Copenhague avait abouti à des
accords allant plus loin que ceux de Bali.
Cette conférence (5000
participants) a démontré une fois de plus la difficulté d’une gouvernance
mondiale….
Le protocole de Kyoto ayant
mis 7 à 8 ans avant d’être concret, il est raisonnable d’attendre 2/3 ans pour que
chacun s’approprie les nouvelles règles issues des accords de Copenhague.
Il faut réinventer une nouvelle
forme de démocratie, de nouvelles règles pour la société, ce qui va prendre du
temps. Il ne s’agit en aucun cas de prôner la décroissance, bien au
contraire !
J’ai posé deux
questions : j’ai demandé s’il y aurait un jour une organisation mondiale
de l’environnement,
La réponse est que c’est
pour le moment une volonté européenne, mais il faudra un jour qu’il y en ait
une, véritable pendant de l’OMC, organisation mondiale du commerce.
D’autre part, comment faire
adhérer les citoyens, alors que par exemple concrètement dès que l’on parle de
réduire le nombre de stationnement de voitures pour créer des pistes cyclables
on se heurte au niveau local à des contestations ?
Réponse : L’adhésion
des citoyens se fera progressivement et de manière participative, et non par la
force.
Intervention de Jacques Pelissard,
Président de l’association des Maires de France « l’action locale, moteur
du changement »
Les communes, disposant de
la clause de compétence générale, sont la pierre angulaire du développement durable
car elles peuvent agir sur l’urbanisme, l’énergie, les déchets, les
transports,…
Les maires ont été à
l’origine de nombreux amendements de textes de lois : responsabilité
élargie du producteur pour les DEEE (déchets d’équipements électriques et
électroniques), TVA réduite à 5.5% sur les réseaux de chaleur, …
L’association des Maires de
France a également rédigé la charte des Maires de France pour l’environnement
(que le Maire de Saint-Maur a signé et qui est la colonne vertébrale de notre
politique environnement).
Elle a publié une déclaration commune à l’issue de
Copenhague pour affirmer la nécessité d’associer les collectivités à la
réflexion.
Intervention de Xavier Dargos
directeur DD air liquide « des innovations pour réduire les gaz à effet
de serre »
Les industriels travaillent
à une diversité de solutions pour répondre au dérèglement climatique.
Ainsi Air Liquide, étudie 4
grands projets :
1 la combustion à l’oxygène
pur.
2 les biocarburants de 2è
génération, afin de ne pas utiliser les plantes mais leur tige pour ne pas
faire concurrence à leur usage dans l’alimentation.
3 l’hydrogène (coûte encore
cher)
4 le photovoltaïque
La plupart de ces
programmes sont financés par les pouvoirs publics, dont c’est pleinement le
rôle.
Intervention de Bettina Laville,
présidente d’honneur du comité 21
« De Rio à Cancun, l’étape de
Copenhague »
D’après Brice Lalonde,
négociateur pour la France à Copenhague, nous allons connaître 25 ou 30
Copenhague au 21è siècle !
On peut parler d’échec si
on considère qu’aucun traité n’y a été signé. C’était un échec annonce pour
plusieurs raisons :
D’une part, les
négociations étaient au point mort depuis un an ou deux (lors de la conférence
préparatoire, les 77 pays pauvres avaient quitté la conférence !), d’autre
part, les médias avaient présenté cette conférence comme le sauvetage de la
planète.. ;comme si on pouvait sauver notre monde en 15 jours !
Ce qui est inquiétant à ce
stade est que nous risquons une division européenne. En effet, comment dire à
tous les nouveaux membres, pays émergents, comme la Pologne, qu’il faut arrêter
d’utiliser leurs centrales à charbon et risquer d’obérer leur croissance ?
Il n’y a pas assez de crédits prévus pour aider ces pays à décarboner leur économie.
D’autre part, les 177 pays
qui avaient participé à Rio en 92 n’ont plus rien à voir aujourd’hui avec ce
qu’ils étaient en 92 !
On assiste notamment à une
grande rivalité entre la Chine et les Etats-Unis.
Le message positif de
Copenhague est que les pays ont compris, mais qu’ils vont mettre en place les
règles chacun à leur manière…
Les fondamentaux du
développement durable étaient jusque là basés sur deux textes : Rio et
Kyoto. Le premier ne comportait pas d’objectifs chiffrés en terme de baisse
d’émissions de Co2, et le second n’a pas été ratifié par le plus grand pollueur
de l’époque, les Etats-Unis….
Maintenant qu’avec
Copenhague de bonnes intentions ont été édictées, sans les mécanismes de
contrôle, il appartient au secrétaire général de l’Onu de définir la nouvelle
feuille de route….
Intervention de Jean
Le Giec commence
actuellement son 5è rapport, dont la synthèse sera publiée en 2014. Ce rapport
aidera sans aucun doute à fixer des objectifs plus ambitieux que ceux de
Copenhague.
Monsieur Jouzel est revenu
sur la polémique actuelle pour indiquer qu’une erreur sur un rapport de 3000
pages était toujours possible…
Une conférence passionnante
et qui m’a apporté de nouveaux éclairages pour la lecture de Copenhague…